Soutenir le nouveau-né et sa famille au travers de la kinésithérapie !

Depuis que CaliNange existe, nous avons eu la chance de rencontrer des personnes incroyables. Par leurs parcours, leurs combats, leur humanité et leur bienveillance.

Marie Touzet est Kinésithérapeute depuis de nombreuses années.
Son quotidien ? Soutenir les bébés et leurs familles au travers la kinésithérapie.

Bonjour Marie, pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Marie Touzet, je suis Kinésithérapeute depuis 32 ans.

Après avoir travaillé 10 ans en libéral, notamment avec des enfants très jeunes, je me suis tout naturellement intéressée au couple Mère-Enfant. Mon orientation quotidienne était toute trouvée : soutenir le nouveau-né et sa famille au travers de la kinésithérapie !

C’est ainsi qu’il y a 22 ans, depuis une visite dans le premier service de Réanimation néonatale créé en France intégrant des Kinés j’ai voulu rejoindre les équipes de Cochin Port-Royal.

Auparavant, nous étions en priorité sollicités pour soutenir la respiration des nouveau-nés. De nos jours, notre profession est amenée à intervenir dans différents domaines permettant le bon développement du nouveau-né avec sa famille durant l’hospitalisation.

Avec Valentine et Thierry, nous travaillons de manière coordonnée pour qu’il y ait toujours une continuité de la prise en charge.

Marie Touzet (à g.) et Valentine Babec (à d.)

Marie Touzet (à g.) et Valentine Babec (à d.)

Qu’apporte la kinésithérapie dans les soins des nouveau-nés prématurés ?

Prioritairement, nous évaluons la respiration et choisissons d’intervenir ou non par action sur la mécanique ventilatoire, afin de l’améliorer. Comme au Canada, les kinés participent avec l’équipe médicale à la surveillance des appareils de ventilation, afin que leur fonctionnement soit adapté aux besoins respiratoires du nouveau-né.

Nous avons également une responsabilité dans le confort du nouveau-né, par son installation dans l’incubateur, le lit et lors du portage. Celle-ci doit être la plus confortable et fonctionnelle possible, afin de lui permettre de se développer au mieux d’un point de vue sensoriel et moteur. En ce sens, nous transmettons au personnel soignant à bien reconnaitre le comportement et les signes du bébé afin d’adapter la position de chacun selon la situation.

Nous participons également à l’accompagnement des parents durant l’hospitalisation de leur enfant. Nous les aidons à observer leur(s) bébé(s) et à comprendre leurs besoins, les toucher , les masser, les manipuler ou les porter sans craindre de leur faire mal ou de mal faire. Beaucoup de parents se sentent démunis face à un bébé de petit poids entouré d’assistances médicales. Il est important de briser ces freins et peurs, bien que cela soit légitime, pour leur permettre un contact et un attachement plus « sécure » avec leur enfant.

Nous intégrons aussi les parents durant les soins de leur enfant, en leur montrant certains gestes qu’ils peuvent effectuer. Il s’agit principalement de gestes apaisants et rassurants pour le nouveau-né. Comme en posant une main en haut de sa tête et l’autre au niveau de son bassin ou ses jambes.

Une grande partie de notre travail consiste aussi à observer le nouveau-né dans sa globalité, afin d’adapter notre prise en charge et ainsi mieux répondre à ses besoins durant l’hospitalisation. Ceci se fait notamment en partenariat avec l’ensemble de l’équipe soignante s’occupant de lui. Nous mettons alors en commun nos observations, et choisissons ensemble la marche à suivre pour adapter nos soins.

Cette observation en équipe est notamment issue du programme NIDCAP®.

Selon les principes des soins de développement, nous cherchons avant tout à nous adapter au rythme du nouveau-né. Notamment en interagissant pendant ses phases d’éveil et en préférence de journée (afin qu’il intègre le rythme circadien jour/nuit).

Mais cela n’est pas strictement appliqué, il nous arrive d’intervenir en phase de sommeil ou la nuit. En cas d’urgence ou de nécessité de soins médicaux.

Nous avons un rôle aussi dans le développement de l’oralité du nouveau-né.

Nous pouvons observer les signes d’oralité et adapter les soins en donnant des recommandations dès la naissance ou bien lors des mises au sein ou des prises alimentaires (qu’elles soient données à la paille au sein ou au doigt, par biberon...). Nous conseillons notamment la maman afin de l’aider à allaiter son enfant, en cherchant les positions ou les façons de faire qui conviennent le mieux. Nous prodiguons aussi des conseils aux soignants sur la manière la plus adaptée pour le nouveau-né d’être alimenté, dans quelle position et par quel moyen.  

Nous pouvons aussi participer à la mise en peau à peau précoce du nouveau-né. Notamment par la bonne installation, afin que ces premiers instants de proximité retrouvée avec le parent soient confortables pour tous les deux malgré les branchements du bébé qui peuvent être nombreux.

Souvent les parents appréhendent ces instants à cause de ces raccordements aux appareillages de surveillance de leur enfant. C’est notre rôle de dissiper le plus possible cette angoisse en accompagnant les parents à la manipulation et l’installation la plus confortable et adaptée possible.

Encore une fois, chaque enfant est unique et nous nous devons d’individualiser les soins à chaque situation. Ainsi, nous sommes amenés à développer un programme de soins personnalisé, qu’il soit kinésithérapique ou non, en étroite collaboration avec l’ensemble de l’équipe soignante.

Il est important d’évaluer le nouveau-né avant, pendant et après chaque geste. Afin que les consignes de soins soient au jour le jour adapté à lui.

En Néonatalogie nous travaillons tous ensemble main dans la main : le nouveau-né qui est acteur de son développement, les parents et les soignants. Notre objectif à tous est que la prise en charge du nouveau-né soit la plus adaptée et optimale possible tout au long de son hospitalisation.

En dehors de la prématurité, quels sont les autres actes possibles de kinésithérapie pour des bébés hospitalisés en médecine néonatale ?

Quel que soit l’acte et pour qu’il soit réussi et efficace il faut instaurer une dynamique de groupe bénéfique à l’enfant. Pour cela un travail en coopération, coordonné et centré sur l’enfant et ses besoins est nécessaire.

Parfois, les nouveau-nés étant en position couchée prolongée durant leur hospitalisation et manquant d’énergie pour leurs mouvements peuvent développer des déformations orthopédiques. Cela peut parfois aussi être consécutif à une malposition intra-utérine.

Nous intervenons alors par des mobilisations passives, des stimulations actives ou par la pose de contentions.

Nous évaluons et prenons aussi en charge des syndromes de la tête plate, qui eux aussi sont majoritairement consécutifs à l’hospitalisation.

Par des conseils sur l’installation du bébé, mais aussi en montrant aux parents des exercices actifs qui permettront de remodeler le crâne par le mouvement.

Nous accompagnons également le développement sensori-moteur du nouveau-né en coopération avec les familles et les soignants et participons à l’accompagnement à la parentalité.

Nous avons la chance de pouvoir intervenir et accompagner le bébé et sa famille de l’arrivée du nouveau-né en salle de naissance jusqu’en médecine néonatale ou à l’unité parents enfant jusqu’à son retour à domicile.

Pouvez-vous nous illustrer comment vous intégrez un soutien multi-sensoriel de type CaliNange à votre activité de kinésithérapeute ?

Pendant les soins

Certains parents malgré un accompagnement ne souhaitent pas assister aux gestes techniques. Il arrive qu’ils ne puissent pas contenir et accompagner leur enfant, lors de gestes d’aspiration par exemple. Dans ce cas, nous préparons en amont un enregistrement spécial dans le CaliNange, pour qu’il soit diffusé lors du soin à 4 mains avec un autre soignant et ainsi rassure le nouveau-né et déculpabilise les parents.

Il est vraiment important de préserver la sensibilité des parents ainsi que de l’accompagner durant l’hospitalisation de son enfant. Afin d’empêcher la survenue d’un traumatisme concernant l’hospitalisation de son enfant, qui pourrait à terme réduire ses moments de présence au chevet de son enfant.

Lorsque les parents sont épuisés ou bien hospitalisés, nous utilisons le Calinange lors des soins mais aussi lors des phases d’endormissement du nouveau-né.

Post soins :

Parfois nous avons pu observer que l’utilisation de CaliNange en mode personnalisé, aide l’enfant à s’auto-réguler après un soin.

La diffusion de la voix des parents, lorsqu’ils ne sont pas disponibles, possède un effet d’apaisement pour l’enfant, mais aussi pour les parents qui participent aux soins de leur enfant par ce biais.

Il est important pour eux et leur bébé qu’ils puissent aussi avoir des moments de récupération en dehors de l’hôpital, en rentrant dormir chez eux par exemple. Certains ayant d’autres enfants, doivent aussi rentrer s’en occuper. Il est alors plus facile de le faire en sachant qu’ils laissent une partie d’eux auprès de leur enfant à travers le CaliNange.

Quel est votre souvenir le plus marquant vécu auprès des bébés ?

Nous n’oublions jamais les bébés et les familles dont nous nous occupons.

Il y a une petite fille qui reste inoubliable.

Nous avions annoncé à ses parents qu’il fallait lui dire au revoir.

Ses parents, malgré leur immense chagrin, ont souhaité que les derniers instants de la vie de leur fille ne soient que caresses et douceurs.

C’était la première fois que je guidais des parents pour un massage dans cette situation. J’étais non seulement touchée mais fébrile de les accompagner pour cette séance avec les justes mots.

Ils se sont relayés régulièrement pendant des jours pour la masser doucement chacun leur tour. Je suis restée à leurs côtés dans ces instants qui devaient être les derniers.

Et finalement, et malgré les pronostics médicaux, cette petite fille a poursuivi sa vie en bonne santé.

Je crois que j’ai vraiment réalisé ce jour-là combien la force du lien affectif et sensoriel peut soutenir la vie des plus vulnérables.

Au-delà de votre activité de kiné pédiatrique, avec les équipes de votre service, vous avez créé Néo’Sens. Vous pouvez nous en dire plus ?

Néo’Sens est une association créée pour soutenir le bien-être de l’ensemble des parties prenantes de la situation d’hospitalisation : les nouveau-nés prématurés ou à termes, les familles et les soignants des néonatalogies et maternités.

Ainsi, nous proposons des ateliers pour préparer à la sortie et à la vie extérieure tout en y associant l’art et la création.

Nous cherchons aussi à intégrer des moments privilégiés à l’hôpital. Par exemple des séances de massages ou de relaxation pour les parents ou pour les soignants.

Il est aussi important de faire venir la vie extérieure à l’hôpital : en proposant des ateliers pour préparer la chambre du bébé à sa sortie, échanger sur l’alimentation du nouveau-né, créer une chanson pour son enfant… Nos projets passent aussi par la volonté de créer et maintenir un lien fort parents-enfant.

Comment résumer votre parcours de Kiné en réanimation néonatale ?

J’apprends encore tous les jours sur les compétences et les forces des nouveau-nés que nous accompagnons en Néonatalogie. Il faut croire à la vie.

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